Transcript 2001 - 2014

 · Le donateur ignore les gains et les pertes.

· Je parie sur un milligramme de transmission.

· Je date mes papiers afin que les suivants mesurent la distance.

· Je suis un écrivain de nuit.

· La nuit, je continue à désobéir.

· Être de quelque part, c’est être de quelqu’un.

· Nulle part, c’est quelque part ; n’importe qui, c’est quelqu’un.

· Le nom porte la trace d’un territoire qui n’existe plus.

· La trace est sans signature.

· Il y a un Pays au bout des phrases.

· Parlez-moi de Borghazlian, Asie Mineure.

· La littérature s’offre à ceux qui extérieurement la protègent et intérieurement l’écoutent.

· Un écrivain, ça n’a pas de pouvoir.

· La trace : seule religion qui nous reste.

· Pas les traces – mais la présence qui soulève les traces.

Photo de la série Singles, d'Anahit Hayrapetyan

Photo de la série « Singles », d’Anahit Hayrapetyan

· Marcher sur des œufs ? Je n’y arrive pas.

· La vie à contre-saisons ? Pas une vie.

· Tout ce qui a été écarté revient. (Revient toujours ce qui n’a pas fini d’être vécu.)

· Nos corps sont recueillis typographiquement.

· Mon moi est dans la typographie.

· Qu’est-ce qui presse quand tout passe ?

· La lecture est la trace de la lecture dans nos yeux.

· L’écriture est la trace de nos lectures dans nos œuvres.

· Tout prend du temps, y compris les défaites.

· La vitesse, c’est la vitesse des autres. La lenteur, c’est la lenteur de « Dieu ».

· Une vie avec vitesse est une prouesse. Une vie sans lenteur est un malheur.

· Le jour où nous découvrîmes la vitesse, nous prîmes peur des lents.

· Parfois, un texte brille dans nos nuits, et nous avons moins peur, et nous nous sentons moins seuls.

· Marchand de traces : l’étonnant commerce.

· Constructeur de mémoire : le beau métier.

· Les souvenirs de l’un font les traces de l’autre.

· Le sphinx intérieur ne pose plus de questions. Il laisse passer celui qui n’a plus de choix à faire.

· Le plaisir… sérieusement. Ainsi de l’écriture élaborée selon une application égyptienne.

· Aimer s’écrire suppose une absence de repères.

· Artiste est celui qui montre son jouet.

· Il nous faut exiger de la page toute l’esthétique du monde.

· L’homme se refuse à reconnaître qu’il n’y a qu’une seule route : le temps.

· Le temps passe, l’instant existe.

· Les souvenirs, ce n’est pas le passé.

Photo de la série

Photo de la série « Singles », d’Anahit Hayrapetyan.

· Il me manque toujours une phrase.

· Personne ne t’attend. Tout le monde t’attend.

· Si le livre existe tout seul, l’écrivain a trouvé son chemin de vie.

· Le seul bénéfice de l’écriture, c’est l’écriture.

· L’écriture est le récit même, et le nom qui signe une parcelle du territoire perdu.

· L’Esprit se pose, la main s’efface.

· Lorsque l’écriture devient souveraine, l’écrivain est sur un tapis volant.

· Lorsque le temps n’est pas compté, il y a de l’espace dans le temps.

· Profession : phraseur.

· Être un écrivain off, sans rumeur d’actualité, un hors-la-langue.

· Je suis un misanthrope des mondanités.

· Le trottoir, dit-il, est ma mondanité.

· La rue, dit-il encore, met en pages.

· Atout de l’écrivain : la pépite. La pépite contre la doxa.

· Il n’y a pas de mauvaise mémoire.

· N’oublie pas la mémoire.

Photo de la série "The Yezidis", d'Anahit Hayrapetyan