· Le donateur ignore les gains et les pertes.
· Je parie sur un milligramme de transmission.
· Je date mes papiers afin que les suivants mesurent la distance.
· Je suis un écrivain de nuit.
· La nuit, je continue à désobéir.
· Être de quelque part, c’est être de quelqu’un.
· Nulle part, c’est quelque part ; n’importe qui, c’est quelqu’un.
· Le nom porte la trace d’un territoire qui n’existe plus.
· La trace est sans signature.
· Il y a un Pays au bout des phrases.
· Parlez-moi de Borghazlian, Asie Mineure.
· La littérature s’offre à ceux qui extérieurement la protègent et intérieurement l’écoutent.
· Un écrivain, ça n’a pas de pouvoir.
· La trace : seule religion qui nous reste.
· Pas les traces – mais la présence qui soulève les traces.
· Marcher sur des œufs ? Je n’y arrive pas.
· La vie à contre-saisons ? Pas une vie.
· Tout ce qui a été écarté revient. (Revient toujours ce qui n’a pas fini d’être vécu.)
· Nos corps sont recueillis typographiquement.
· Mon moi est dans la typographie.
· Qu’est-ce qui presse quand tout passe ?
· La lecture est la trace de la lecture dans nos yeux.
· L’écriture est la trace de nos lectures dans nos œuvres.
· Tout prend du temps, y compris les défaites.
· La vitesse, c’est la vitesse des autres. La lenteur, c’est la lenteur de « Dieu ».
· Une vie avec vitesse est une prouesse. Une vie sans lenteur est un malheur.
· Le jour où nous découvrîmes la vitesse, nous prîmes peur des lents.
· Parfois, un texte brille dans nos nuits, et nous avons moins peur, et nous nous sentons moins seuls.
· Marchand de traces : l’étonnant commerce.
· Constructeur de mémoire : le beau métier.
· Les souvenirs de l’un font les traces de l’autre.
· Le sphinx intérieur ne pose plus de questions. Il laisse passer celui qui n’a plus de choix à faire.
· Le plaisir… sérieusement. Ainsi de l’écriture élaborée selon une application égyptienne.
· Aimer s’écrire suppose une absence de repères.
· Artiste est celui qui montre son jouet.
· Il nous faut exiger de la page toute l’esthétique du monde.
· L’homme se refuse à reconnaître qu’il n’y a qu’une seule route : le temps.
· Le temps passe, l’instant existe.
· Les souvenirs, ce n’est pas le passé.
· Il me manque toujours une phrase.
· Personne ne t’attend. Tout le monde t’attend.
· Si le livre existe tout seul, l’écrivain a trouvé son chemin de vie.
· Le seul bénéfice de l’écriture, c’est l’écriture.
· L’écriture est le récit même, et le nom qui signe une parcelle du territoire perdu.
· L’Esprit se pose, la main s’efface.
· Lorsque l’écriture devient souveraine, l’écrivain est sur un tapis volant.
· Lorsque le temps n’est pas compté, il y a de l’espace dans le temps.
· Profession : phraseur.
· Être un écrivain off, sans rumeur d’actualité, un hors-la-langue.
· Je suis un misanthrope des mondanités.
· Le trottoir, dit-il, est ma mondanité.
· La rue, dit-il encore, met en pages.
· Atout de l’écrivain : la pépite. La pépite contre la doxa.
· Il n’y a pas de mauvaise mémoire.
· N’oublie pas la mémoire.
Photo de la série "The Yezidis", d'Anahit Hayrapetyan